Imogen Stidworthy – Die Lucky Bush
Event
MuHKA, Antwerpen
23 May 2008 - 17 August 2008
DIE LUCKY BUSH s'est faite sur invitation d'Imogen Stidworthy qui a demandé de concipier une exposition autour de certaines de ses oeuvres. C'était une occasion pour Stidworthy de pouvoir organiser une exposition de groupe avec comme point de départ son oeuvre I Hate (2007). Elle a invité un grand nombre d'artistes à participer avec des oeuvres qui réflechissent, plus ou moins directement, sur le langage et tout ce qui côtoie le langage. Des compositions musicales et des livres censurés, entre autres, ont également été incorporé dans l'exposition.
Avec des oeuvres de: CAROLINE BERGVALL & CIARAN MAHER, JOHN CAGE, RAOUL DE KEYSER, FERNAND DELIGNY, JIMMIE DURHAM, WERNER FEIERSINGER, PABLO HELGUERA, GARY HILL, ALFREDO JAAR, AGLAIA KONRAD, JOSEPH KOSUTH, INES LECHLEITNER, ANESTIS LOGOTHETIS, TERESA MARGOLLES, CILDO MEIRELES, ROBERT MORRIS, WILLEM OOREBEEK, RIA PACQUÉE, MICHELANGELO PISTOLETTO, ANRI SALA, DOMINIQUE SOMERS, IMOGEN STIDWORTHY, RICHARD WENTWORTH, ROBERT WILSON & CHRISTOPHER KNOWLES, JUN YANG et ARTUR ZMIJEWSKY
MONTAGE
05.05-22.05.08
En raison de travaux de montage de DIE LUCKY BUSH, l’accès est interdit au deuxième étage du M HKA. Pendant le montage vous pouvez visiter FANTASY intervention par Koen van den Broek etPERMANENT REVOLUTION insert par Sue de Beer au rez-de-chaussée, LONELY AT THE TOP effets sonores #2 Wendelien van Oldenborg au 5ième etage et le M HKAFE au 4ième étage.
Vous pouvez visiter l’exposition DIE LUCKY BUSH à partir de 23.05.08.
Nos excuses pour le désagrément.
Dans DIE LUCKY BUSH, Imogen Stidworthy réfléchit à cette donnée au moyen de trois installations, qu’elle présente avec des œuvres d’une vingtaine d’artistes de son choix, ainsi que du matériel que l’on ne peut considérer comme de l’art. Le titre de l’exposition, Die Lucky Bush, est un graffiti que Stidworthy a découvert en décembre 2007 dans une rue de Jérusalem [Israël], sur un mur devant lequel un musicien de rue, assis sur une chaise, jouait de la balalaïka. La phrase fonctionne comme une phrase de reconnaissance (un shibboleth), une sorte de virelangue qui indique de manière univoque si un locuteur appartient ou non à un groupe déterminé [culturel ou politique]. Pour les anglophones, Die Lucky Bush renvoie à George Bush, ou à des buissons bienheureux, mais prononcé en hébreu, on entend une transcription phonétique de « Fin à l’occupation ».
'Die Lucky Bush' n’est pas un mot de passe à proprement parler, comme l’était par exemple la phrase de reconnaissance Schild en Vriend [bouclier et ami], qui a permis de démasquer les Français et la bourgeoisie francophone lors de la Bataille des Éperons d’or. Il s’agit par contre d’une variante, idéologiquement chargée, du genre de jeux de mots auxquels Stidworthy s’intéresse tant : l’osmose ou la différentiation qui peut germer de l’interaction entre le langage, la parole et le son. La photo du graffiti est emblématique d’une exposition qui se penche sur les seuils du langage : les frontières ou les points de rencontres de différents langages. Ainsi, l’œuvre de Werner Feiersinger, un objet en fibre de verre qui ressemble à un bateau renversé, posé en travers du sol de l’espace central d’exposition, dresse d’emblée un seuil physique dans une exposition qui se déploie comme un paysage acoustique, jonché de seuils linguistiques. La question clé de DIE LUCKY BUSH est : quelle autre forme de signification peut naître de ce qui est perçu comme illisible ?
Stidworthy analyse l’impact physique et social de la parole orale. Comment l’usage du langage détermine-t-il la communication entre les personnes et les objets qui les entourent ? Le langage est au cœur de l’œuvre de Stidworthy, dont les installations aux stratifications multiples conjuguent divers médias : film, vidéo, installation sonore. L’artiste tente de rendre le langage manifeste dans l’espace ; chez elle, parler peut se comparer à un tapis que l’on déroule. Les questions qui déterminent son œuvre sont les suivantes : comment définir le langage ? Que faisons-nous avec le langage ? Quelle influence le langage exerce-t-il sur nous et sur nos relations aux autres ? Qui, ou quel objet, a la parole ? Comment, se demande-t-elle, s’établit la compréhension entre deux personnes – y compris dans des situations où le langage n’est pas utilisé – lorsque le lien entre la pensée et la parole ou entre les personnes est entravé?
Le point de départ de l’exposition est l’œuvre de Stidworthy intitulée, I hate [2007], que l’artiste a créée à l’occasion de la Documeneta 12 et dans laquelle elle brosse un portrait du photographe Edward Woodman, qui a perdu l’usage de la parole suite à un accident et redécouvre sa voix fragile dans un processus laborieux de rééducation. L’exercice des mots est imbriqué avec ses photographies qui ont changé, elles aussi, après son accident. En tant que photographe professionnel, il a documenté entre 1970 et 2001 des installations et des expositions d’art contemporain et des maquettes architecturales. Depuis son accident, il utilise son appareil photographique pour immortaliser les mutations sociales, et tous les processus de changements qui s’opèrent autour de lui. Il s’agit en premier lieu du quartier dans lequel s’est construite la nouvelle gare terminus de l’Eurostar, St Pancras à côté de King’s Cross. C’est la première fois depuis la Documenta qu’est exposée cette configuration subtile de vidéo, de journal lumineux et de sons.
La deuxième installation de Stidworthy porte le titre de Get here [2006] et fait usage du dialecte typique de Liverpool, le « scouse ». Pour l’enregistrement sonore [diffusé en ambiophonie], l’artiste a fait appel à des habitants de Liverpool, des réfugiés somaliens et des comédiens, entraînés par des professeurs vocaux, pour obtenir l’accent scouse authentique. Dans les rues de Liverpool, on entend souvent l’injonction Get here! quand les mamans rappellent leurs enfants à l’ordre. Cette expression est caractéristique la culture de Liverpool, mais l’installation soulève en même temps des questions autour du lieu et de l’identité. La diversité des voix et des intonations déforme les mots et dénature les relations entre locuteur et auditeur. Une indication simple et impossible à mésinterpréter, here [ici], devient soudain un concept multiple, parfois même contradictoire ou incompréhensible. Pour l’exposition au M HKA, Stidworthy donne une forme plus sculpturale à l’œuvre.
La troisième œuvre de Stidworthy autour de laquelle s’articule l’exposition s’intitule 7 AM. Tous les matins, à Beijing, une marée humaine franchit les portes du parc Tian Tan. La vidéo d’Imogen Stidworthy évoque la gymnastique matinale et l’espace social et acoustique ainsi créé : figures isolées et petits groupes de gens, éparpillés entre les arbres, remplissent le parc de sons. On peut mesurer le temps et la distance en observant ces centaines de rythmes simultanés, mais individuels, qui évoluent en un langage percussif, particulièrement complexe, tant sur le plan acoustique que visuel. Le film analyse les relations, la dynamique et les implications de ce paysage socio-acoustique pour le public.
Stidworthy met à profit l’opportunité unique qui lui offre l’exposition de mettre les idées qu’elle véhicule en tant qu’artiste pour la première fois en rapport direct avec l’œuvre d’autres artistes et avec d’autres matériaux. Dans ce cadre, elle n’approche pas uniquement le langage à l’égard de sa valeur purement linguistique, elle évoque également d’autres formes de langage – le langage visuel, sonore et corporel. Outre le langage oral et écrit, DIE LUCKY BUSH inclut des images et des sons spatiaux et corporels. Bon nombre d’œuvres n’abordent pas seulement la diversité linguistique, elles touchent aussi à des différences culturelles et politiques. Cela concerne, entre autres, des dessins dans lesquels le pédagogue français Fernand Deligny représente les faits et gestes d’enfants profondément autistes, difficiles à éduquer ; whistling a lee hazelwood song through a straw, une œuvre dans laquelle Dominique Somers se sert de son propre corps pour enregistrer graphiquement une mélodie ;Say:“Parsley” de Caroline Bergvall et Ciaran Maher dont le point de départ est un mot de reconnaissance ; Lak-kat d’Anri Sala, un film sur le langage, la mémoire et la sémantique ;Trepanaciones, une installation sonore dans laquelle Teresa Margolles réagit à la perception occidentale de la mort ; et des partitions de compositeurs modernes tels que John Cage et Anestis Logothetis, que l’on peut lire comme des cartes spatio-acoustiques d’œuvres sonores.
> une publication à emporter, composée par Imogen Stidworthy, complète l’exposition, dont elle fait partie intégrante ; c’est le résultat d’une recherche qui s’étend au-delà de l’exposition. Stidworthy y compile un nombre d’entretiens, d’essais, de systèmes graphiques et de partitions
> Imogen Stidworthy a élaboré le projet à l’invitation du commissaire d’expositions Edwin Carels et en dialogue avec le directeur du programme de la Biennale de Liverpool, Paul Domela