Poster Scenes of Victory, COUM Transmissions at Today’s Place (Antwerp)
1978
Affiche
Materials:
Collection: M HKA Archives.
COUM Transmissions (1969–1976) était un collectif britannique de performance musicale expérimentale. Les membres changeaient, mais le noyau dur était constitué des fondateurs Genesis P-Orridge, Cosey Fanni Tutti et Spydee Gasmantell, avec l’affiliation ultérieure de Peter « Sleazy » Christopherson, entre autres. Inspiré par le dadaïsme, Fluxus et la Beat Generation, COUM ne reculait pas face aux attitudes contestataires et subversives. Bien que COUM fût connu pour ses performances sujettes à controverse, pour sa remise en question de la société britannique conventionnelle et pour ses actions perçues de toute évidence comme offensantes, la provocation n’a cependant jamais été la principale motivation de COUM. Vivre à Londres dans les années 1970, au cœur même d’un pays en plein bouleversement, a entraîné auprès des membres du groupe des réflexions personnelles et une recherche des tabous et des interdits dans les franges les plus sombres de la société. COUM a creusé dans les strates les plus profondes de la créativité pour soulever des questions. Lors de deux soirées en mai 1978, COUM Transmissions présente Scenes of Victory [Scènes de victoire] à Today’s Place et à l’Université d’Anvers. Déçu·e du monde de l’art et désireux·se de repousser les limites, Genesis P-Orridge avale, entre autres, de l’écorce d’arbre et du whisky pendant la performance, se taille des motifs dans la peau à l’aide de clous, et finit par s’effondrer et être transporté à l’hôpital. Plus tard, iel déclarera à propos de cette nuit tristement célèbre : « J’essayais d’entrer en état de transe et j’y suis d’ailleurs parvenu·e. Pour la première et seule fois de ma vie, j’ai parlé une langue inconnue et me suis lancé·e dans une longue diatribe, alors que je n’avais pas l’habitude de parler pendant une performance, jamais. C’était la seule fois où je l’ai fait. Je me suis mis·e à jurer et à insulter le public et je suis vraiment devenu·e dingue, ce qui, je suppose, était dû à l’alcool, puis je me suis effondré·e et j’ai commencé à vomir et à me déshydrater. Quand on m’a emmené·e à l’hôpital, on ne sentait plus du tout mon pouls. » (Wreckers of Civilisation: The Story of COUM Transmissions & Throbbing Gristle, Simon Ford, 1999.) Aussi, la performance à Anvers fut la dernière de COUM en tant que collectif. Dirigé par Genesis P-Orridge et Cosey Fanni Tutti, entre autres, COUM Transmissions a également donné naissance en 1975 au groupe révolutionnaire Throbbing Gristle, que l’on connaît aussi sous le nom de TG. Bien que ce groupe ait tenté d’élargir son public au sein de la culture populaire plutôt que de se limiter à des niches élitistes du monde artistique, il est resté un groupe culte, pionnier unanimement reconnu de la musique industrielle.